Partenaire : PREMIER ACTE
Cela fait maintenant vingt ans que la relève en théâtre de Québec bénéficie de la présence de Premier Acte. Installée depuis 2003 dans le Centre culture et environnement Frédéric Back, ce diffuseur sait toujours nous surprendre en présentant autant de créations que de réinterprétations de textes connus par des jeunes talents d’ici. BAZZART a rencontré Marc Gourdeau, directeur général de Premier Acte, mais aussi président du Conseil de la culture et de la table de théâtre, afin de discuter de sa vision de la scène émergente ainsi que de l’avenir du théâtre à Québec.
Bien que beaucoup des productions présentées peuvent être considérées comme plutôt avant-gardistes et hors des sentiers battus, ce n’est pas une orientation que le diffuseur se donne obligatoirement. Chaque saison est bâtie en fonction de ce que la relève a à offrir. Selon monsieur Gourdeau, la petite capacité de la salle, qui compte 80 places assises, offre une grande liberté de création et le loisir de prendre des risques. « À Premier Acte, on a le droit de se tromper. Ce qui nous caractérise, c’est l’audace. »
Premier Acte veut demeurer le plus souple et le plus instinctif possible, ce qui lui permet d’être en parfaite symbiose avec son milieu. « S’il y a quelque chose qui est loin d’être normé, c’est bien la création! », s’exclame le directeur général. Ainsi, l’équipe administrative ne sait parfois pas à quoi s’attendre de la part d’une production avant le soir de la première. De la même façon, la sélection des pièces laisse parfois place à des choix purement instinctifs. « À un moment donné, tu lis quelque chose et tu as un coup de cœur. Tu te dis : “ Je veux voir ça! ” ».
En plus de diffuser une programmation de six à huit pièces par année, Premier Acte offre des résidences de création à une ou deux compagnies par année. Cette opportunité leur permet d’avoir un endroit où travailler ainsi qu’un certain parrainage sur le plan de l’évolution artistique. La sélection des compagnies en résidence se fait par appel de projets, mais elle peut aussi se faire de façon plus informelle. Lorsqu’il sent un certain potentiel dans une ébauche de création, que ce soit en consultant le dossier du projet ou lors d’une lecture aux Chantiers du Carrefour international de théâtre, c’est lui qui approche les compagnies pour leur offrir un soutien.
De cette façon, le diffuseur se veut un défricheur de talents. Lorsque l’équipe remarque un jeune collectif qui a le potentiel de s’inscrire dans la durée, elle lui devient fidèle. Sans toutefois exercer une paternité artistique, l’organisme parraine la compagnie en s’occupant de la vente de billets, des relations de presse, des budgets de production, etc. Premier Acte devient en quelque sorte un producteur délégué, laissant à la compagnie la possibilité de se concentrer sur son évolution artistique et organisationnelle.
Chez la relève théâtrale, Marc Gourdeau dénote un paradoxe fondamental entre les créations proposées et l’idée qu’on se fait de la nouvelle génération de créateurs. En effet, bien qu’on considère souvent les jeunes comme étant plutôt individualistes, ce sont eux qui semblent avoir le désir le plus fort d’interpeller la sphère sociopolitique en décollant leur discours du « je ». Monsieur Gourdeau remarque aussi un intérêt marqué pour la transdisciplinarité, où la performance théâtrale peut aussi bien être mixée avec la danse contemporaine ou une performance musicale en direct sur scène.
Un public qui a soif de différence
Composé à 78 % de jeunes âgés de 35 ans ou moins, le public de Premier Acte est fidèle, mais surtout curieux. On a affaire à une foule « d’omnivores culturels », comme les désigne monsieur Gourdeau. Il note tout de même qu’au théâtre, jamais rien n’est acquis et qu’un public est facile à perdre. On parle de moins en moins d’art dans les médias électroniques et les démarches plus pointues, comme le théâtre de création ou la danse, ne semblent pas avoir de place dans ces derniers.
Le diffuseur est constamment en croissance depuis ses débuts, probablement grâce à sa façon d’aborder le public et à son public lui-même, le meilleur des véhicules publicitaires. « Le spectateur habitué et convaincu est un très bon vendeur de billets et surtout un excellent médiateur culturel! », croit l’homme de théâtre. À ceux qui jugent le théâtre comme étant élitiste, il répond que le théâtre n’est simplement pas populiste. « Il est tout le reste. »