Les finissants du Conservatoire d’art dramatique de Québec présentaient du 11 au 17 décembre dernier leur toute nouvelle création : Entre autres. Mise en scène par Alexandre Fecteau, la pièce de 2 h 20 s’inscrit dans le théâtre documentaire et a laissé les 11 créateurs-interprètes explorer les opinions à contre-courant de la majorité.
Le milieu anarchiste, le mouvement pro-vie, la religion, les regroupements PEGIDA et Atalante Québec et les adeptes de la théorie de la terre plate. Ce sont les cinq thèmes qui ont été exposés par les étudiants en troisième année du conservatoire après qu’on leur ait demandé d’aller à la rencontre des gens qui font des choix et qui pensent autrement que la majorité.
Étant séparés en cinq groupes, les étudiants ont chacun mené leur enquête, rencontrant et interviewant différents acteurs de ces groupes sociaux atypiques qu’ils allaient plus tard jouer sur scène.
Le théâtre documentaire a de difficile qu’il met en scène des discours de vraies personnes. « Nous les avons théâtralisés un peu, explique la co-créatrice Laura Amar, mais nous avons respecté la personne », ajoute-t-elle en précisant qu’ils ne pouvaient pas déroger des verbatim des entrevues.
Divisée en courtes saynètes qui s’emboitent et se complètent, Entre autres relate le cheminement de la recherche des comédiens, mais aussi de leur pensée sur les sujets abordés.
Inclusif
« Nous voulions que le public participe au spectacle, rapporte la jeune comédienne. Pour y arriver, tous les éléments de la mise en scène ont été pensés à cet effet. Pour inclure le public, ils choisissent de jouer la pièce en 360, laissant les spectateurs s’assoir tout autour de la scène. Les comédiens les rejoindront souvent et s’y mêleront.
Dès l’arrivée du public, on invite chaque visiteur à disposer de son manteau sur des cintres accrochés derrière les sièges. Ils apprendront plus tard que les comédiens y ont également placé leurs costumes.
Entre autre inclut le public physiquement, mais également moralement puisque les gens vont en quelque sorte apporté la pièce avec eux en la réfléchissant à l’extérieur du théâtre.
Entre autres
« On aurait pu parler à d’autres », continue l’élève de troisième année. Au plafond sont suspendus une myriade de cintres, servant à représenter les individus d’une société, mais aussi toutes les personnes qu’ils auraient pu interviewer. Ils sont aussi là pour rappeler que les gens du public, qui ont plus tôt placé leur manteau sur ces supports, font partie de ce groupe.
Ils ont choisi de donner la parole à certains individus, mais ça aurait pu être d’autres personnes apportant un discours différent.
Violent et confrontant
Entre autres est à l’image des discours que les finissants ont voulu mettre de l’avant : violent, difficile à soutenir, et en tout point confrontant. Jouant dans le respect des individus et des idéologies, les comédiens n’ont pas voulu porter de jugement sur les opinions rapportées, mais ont plutôt tenté de sortir leur public de sa pensée monocorde et l’obliger à se questionner sur l’autre et sur ses raisons d’être.
La pièce s’est avérée être une expérience stimulante et irrévérencieuse qui n’épargne personne et qui frappe tout le monde en plein visage.